IA Fictions
Le devenir mécanique de l'art chez Raymond Roussel
04.06 - 11:15

Bio

Hermes Salceda (Université de Vigo, Espagne), s’occupe en priorité des textes de Raymond Roussel, de Georges Perec et du corpus oulipien en tant que critique et en tant que traducteur. Il s’efforce comme traducteur de transposer en espagnol la complexité textuelle des écrits de ces auteurs en respectant leurs contraintes d’écriture souvent difficiles. Ses travaux portent sur des problèmes concernant les rapports de la contrainte au récit, le statut du paratexte, la traduction des textes à contraintes et, occasionnellement, sur l’utilisation des contraintes dans les arts plastiques et les textes hypermédia. Il dirige la Série Raymond Roussel de La Revue des Lettres Modernes et a co- dirigé la revue Formules. Revue des créations formelles.

Philippe Bootz est Professeur en Sciences de l'Information et Communication à l'université Paris 8 et co-responsable de l'axe dispositifs numériques : production, usages et modélisations communicationnelles. Il est auteur en poésie programmée depuis 1977 et a été l'éditeur de la revue numérique de poésie numérique Alire (1989-2009). Il a publié plus d'une centaine d'articles et de chapitres d'ouvrages sur la littérature numérique, dont l'ouvrage en ligne Les Basiques : La littérature numérique (Paris : Leonardo Olats « les basiques », 2007).

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Communication

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Abstract

Roussel fut un des premiers à avoir posé la séparation de l’espace de l’humain et de l’espace de l’écriture comme condition d’existence de l’oeuvre. Pour garantir cette séparation il s’est donné comme outil un Procédé rhétorique. Anticipant par son geste la mathématisation de la littérature à laquelle allaient aspirer les oulipiens et les écritures numériques, l’auteur a fait pleinement confiance à ce Procédé pour engendrer des univers de fiction. Ses textes se présentent comme le développement d’un problème de langue; l’équation linguistique de départ s’offrant comme une sorte, d’algorithme ou de code source dont pourraient émaner de multiples actualisations. Le code apparaissant alors comme véritable représentation de l’action à réaliser par la machine.

La méthode roussellienne participe d’un imaginaire scientifique à la fois par ses mécanismes de production textuelle et par la mise en scène d’un univers de fiction qui se situe déjà dans la robotisation de la société et dans ce que l’on nomme actuellement le transhumanisme. Il s’agit d’un univers peuplé d’hybrides d’humains et de machines et d’engins fabuleux.

Nous proposerons une catégorisation des machines inventées par Roussel dans la mesure où elles impliquent différents degrés d’automatisation des tâches qu’elles ont à réaliser. Certaines sont de simples automates impliquant des mécanismes de répétition, d’autres, plus complexes, nous projettent dans l’univers de l’intelligence artificielle. Ainsi le robot bretteur d’Impressions d’Afrique, capable battre le plus grand champion d'escrime n’est pas sans rappeler Deep blue. Il n’est pas imaginable sans une intelligence artificielle qui lui permettrait d’apprendre. Il en va de même pour la machine musicale de Bex ou pour la fabuleuse demoiselle de Locus Solus dont le fonctionnement impliquerait nécessairement de nos jours des programmes d’intelligence artificielle leur permettentde s’adapter à l’imprévu.

Or, pour une bonne partie les machines créées par Roussel sont destinées à produire des oeuvres d’art et à exhiber leur propre fonctionnement, elles nous renvoient à une mécanisation de la vie et de l’art qui déloge l’humain et dans lequel l’intérêt semble se déplacer de l’oeuvre produite vers le dispositif qui la produit. En somme, les machines rouselliennes impliquent une des humanisations de la création dont l’impact sur les catégories qui nous utilisons pour analyser les oeuvres d’art est certain.

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