Bio
François Levin est doctorant en philosophie à l’Ecole Polytechnique depuis 2018 et travaille sur l’intelligence artificielle. Auparavant, il a été rapporteur au Conseil national du numérique et a participé à rédiger le rapport Villani sur l’intelligence artificielle.
Communication
Abstract
L’objectif de cette communication sera tout d’abord de produire une analyse conceptuelle et historique de la notion de machine créative pour l’articuler ensuite avec la production contemporaine de fictions par l’intelligence artificielle (IA). Cette notion peut recouvrir trois acception sdifférentes, qui impliquent à la fois des ambitions théoriques et des procédés techniques différents.
Elle peut tout d’abord s’entendre comme une heuristique formelle, qui relève d’une ambition rationaliste ancienne visant à déterminer une logique de l’invention, un ars inveniendi qui soit formalisable. Le coeur de cette ambition, déjà présente chez Leibniz, est de réintégrer dans un processus déterministe, formel et duplicable le moment de la “production du nouveau”. Elle peut ensuite recouvrir la notion de machine plastique, suivant une inspiration cybernétique, qui vise à donner à la machine des caractéristiques qui sont celles du vivant et en premier lieu la capacité à renouveler en permanence sa structure interne suivant les interactions avec l’environnement. Enfin, la notion de machine créative peut être comprise comme désignant une technologie herméneutique, c’est-à-dire à un ensemble de dispositifs visant à interpréter le réel en constituant ce dernier comme un ensemble de signes à déchiffrer, que ce soit par la production d’hypothèses interprétatives ou de formes signifiantes nouvelles.
Si l’histoire de l’intelligence artificielle est héritière de ces trois acceptions, il semble que les dispositifs d’intelligence artificielle contemporains soient redevables d’une analyse qui les décrivent comme des technologies herméneutiques. A cet égard nous tenterons de montrer que les productions fictionnelles révèlent en partie la signification de l’IA contemporaine, qui se constitue comme une technologie productrices de formes interprétatives nouvelles; cette analyse participe à remettre en cause un discours qui fait de l’IA l’aboutissement d’une rationalité calculatoire vouée à la répétition du même.