AI Fictions
Écologie cybernétique: Le retour de l'utopie ou une alternative possible?
04.06 - 11:15

Bio

Ioanna Neophytou, artiste visuelle et réalisatrice, est née à Limassol (Chypre) en 1986. Elle vit et travaille à Athènes en tant que professeure d’arts plastiques. Elle a étudié à l’École des Beaux-Arts d’Athènes et à l’Université Paris VIII (Master d’Art Contemporain et Nouveaux Médias) . Elle est actuellement doctorante en Arts Plastiques à l’Université d’Aix-Marseille (LESA, axe « Images en tr@nsit » ) ; elle mène sa recherche « La guerre des images et les images de la guerre, documentaire et art contemporain à l’ère de la nécropolitique » sous la direction de Christine Buignet et Claire Fagnart.

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Communication

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Abstract

L’installation Statisticon Neon, 2017, créée par l’artiste et neuroscientifique Warren Neidich place la technologie au centre d’un futur dystopique peu distantqui sera régulé par les statistiques, les algorithmes préemptifs, la surveillance, l’automation et l’intelligence artificielle générale. Cette cartographie de notions traduit l’inquiétude d’un certain nombre d’artistes pour les conséquences éthiques, philosophiques et politiques de l’application de l’intelligence artificielle sur plusieurs aspects de la vie.

Cette critique concerne principalement le rôle des images à l’époque de la Toile: de l’exploitation des images au processus de Machine Learning (apprentissage automatique) et de l’extraction des données jusqu’à l’instrumentalisation de la photographie par les systèmes d’identification faciale (entre autres), les images sont transformées en agents actifs de notre nouvel environnement technologique. Les critiques sur l’IA et, par extension,sur les nouveaux rôles des images tels qu’ils se manifestent dans les œuvres et les essais des artistes contemporains n’échappent pas à la tradition bipolaire de l’utopie et de la dystopie, et nous font voyager dans l’avenir proche pour visualiser la généralisation du phénomène et ses conséquences.

Le documentaire World Braindes artistes Stéphane Degoutin et Gwenola Wagon commence avec la critique de l’IA en présentant un temps actuel accablant, pour avancer en suite en proposant une expérience subversive: dans un effort de trouver des modes de vie alternatifs pour la survie de l’humanité, une écologie cybernétique est mise en place. Un groupe de chercheurs/euses scientifiques et philosophes nomades décident d’abandonner la civilisation et ses bénéfices pour vivre dans la forêt; ils maintiennent seulement une connexion au réseau Internet. Leur but est que l’homme, la forêt et le réseau s’interconnectent dans une programmation mutuelle.

Dans un esprit similaire, de plus en plus d’artistes s’investissent dans la proposition d’usages équilibrés de l’IA qui serait mise au service de la nature: l’artiste et écrivain James Bridle propose d’observer le phénomène de l’intelligence artificielle comme une possibilité de comprendre et de se connecter avec des intelligences différentes de la nôtre, tout en remettant en cause l’anthropocentrisme qui caractérise la civilisation humaine. L’écologie cybernétique, inspirée par le poème de Richard Brautigan "All Watched Over by Machines of Loving Grace", place la nature, l’homme et l’IA dans une position égalitaire et propose d’imaginer un futur alternatif au paradigme dominant.

S’agit-il de projets utopiques, pré-condamnés à faillir à cause de la manière radicale dont ils visualisent le futur, incompatible avec la nature humaine, s’insérant ainsi dans la triste histoire des utopies? Ou nous laissent-ils entrevoir une perception matérialiste d’un futur commun de la planète, de l’humanité et de l’IA, qui émerge des contradictions actuelles, qui est déjà immanente dans le présent, et qui vise surtout à décrire une possibilité réalisable ?

L’objectif de cette communication est d’examiner les fictions qui entourent le futur de l’IA, à travers quelques-unes de leurs représentations utopiques et dystopiques réalisées dans le champ des arts plastiques.

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