Bio
Je suis Assistant Professor de littérature française et francophone des 20e et 21e siècles. Mes dernières publications incluent Remnants of the Franco-Algerian Rupture: Archiving Postcolonial Minorities (Lexington Books 2020, collection « After the Empire: the Francophone World and Postcolonial France » ), « Lampedusa, ou la nuit de l'Europe. à ce stade de la nuit de Maylis de Kerengal » (French Cultural Studies, Volume 30:1 (2019): 65- 79), « Impérialismes alternatifs: Le cosmopolitisme dans Kamal Jann de Dominique Eddé » (International Journal of Francophone Studies, Volume 21, Numbers 1&2 (2018): 69- 86) .
Communication
Abstract
Dans le roman Notre vie dans les forêts (2017) de Marie Darrieussecq, une narratrice fait le récit fragmenté d’un monde dystopique qui a une double caractéristique. D’une part, les individus les plus riches possèdent des séries de clones, véritable réservoirs d’organes, qui sont laissés dans l’ignorance de leur conditionet à la merci des corps vieillissants de la génération «souche». D’autre part, les robots omniprésents et aux ordres d’une puissance totalitaire invisible, sont en voie d’acquérir une sensibilité humaine grâce au travail aliénant d’hommes qui fournissent aux robots les associations mentales et émotionnelles humaines. Notre vie dans les forêts décrit un monde traumatique de surveillance dictatoriale et robotisée qui est insituable, qui semble infini, sauf lorsque la forêt a été préservée. La confusion entre l’être et l’avoir relative au clonage est subtilement articulée à une critique du capitalisme contemporain.
Questionnant le sens de ce qu’est une subjectivité lorsque le corps propre n’existe plus et que le software est l’horizon du cerveau, le texte met en scène l’urgence de trouver un langage pour encadrer certains développements possibles(ou déjà en cours) de l’intelligence artificielle et des biotechnologies, avec, en toile de fond, les inégalités économiques qui rendent possibles ces pratiques biopolitiques et technologiques.Ma communication se propose d’analyser les liens que la fiction suggère entre les problèmes posés par les biotechnologies (le clonage en particulier), ceux soulevés par l’intelligence artificielle (les algorithmes de la perception, notamment), et un système économique néolibéral dont le récit est une allégoriepossible.Il s’agira d’examiner le traitement à la fois esthétique et philosophique de l’être hybride que serait une subjectivité numérique dans un corps posthumain(que ce soit les «souches» greffées à l’infini ou les robots humanisants), et de comprendre lechoix du motif du traumatisme pour articuler l’idée d’unetelle convergence entre humain et robot.